Joséphine Baker entrera au Panthéon le 30 novembre 2021 sous forme de cénotaphe. Suite à la pétition qui réclamait sa panthéonisation, l'Elysée a confirmé son entrée dans le monument parisien. Artiste franco-américaine, résistante, militante contre l'injustice et défenseuse de la liberté, son corps restera au cimetière de Monaco.
Joséphine Baker entrera au Panthéon le 30 novembre 2021.(Photo : Jérôme Decourcelles / Média Vrai)
Née le 3 juin 1906 à Saint-Louis, Missouri, aux Etats-Unis, la jeune Freda Josephine McDonald a connu la misère et la ségrégation raciale dans sa plus tendre enfance. D'une mère artiste, d'un père qui abandonne sa famille lorsqu'elle a à peine un an, elle subvient très vite à faire vivre sa famille. Après l'école, elle va travailler comme domestique dans les familles aisées américaines où sa mère l'envoie. Artiste, elle débutera dans la rue avant de connaître Broadway.
Son histoire avec la France commence en 1925, à Paris, avec la célèbre "Revue Nègre" au Théâtre des Champs-Elysées. En 1930, elle chante "J'ai deux amours", sur une musique de Vincent Scotto et des paroles de Géo Koger et Henri Varna pour la revue Paris qui remue au Casino de Paris. (Photo : Joséphine Baker dans les années 1920 par Henri Manuel)
Obtenant la nationalité française en 1938, elle résiste au nazisme dès la première heure. Agente française de renseignement au 2ème bureau des Forces Françaises Libres dès 1939, elle recevra, entre autres, la Croix de Guerre 1939-1945, la Médaille de la Résistance et la Légion d'Honneur.
Artiste complète, star reconnue dans le monde entier, muse des cubistes, soutien indéfectible de Martin Luther King avec qui elle fera la Marche de Washington en 1963, elle adoptera douze enfants, de toute nationalité et confession, et sera la maman de la "Tribu Arc-en-Ciel". Toute cette belle famille grandira au château des Milandes, où il faisait bon vivre et manger.
L' "irremplaçable Joséphine", comme le disait le compositeur Guy Lafarge sur l'un des derniers disques de Joséphine, connaîtra à nouveau la misère, criblée de dettes. Elle perdra son château des Milandes en 1968. Seule, la princesse Grace de Monaco lui viendra en aide, lui permettant de s'installer dans une maison de la Côte-d'Azur, non loin du Rocher. Remontant sur scène et enregistrant de nouveaux disques, elle montrera, face à Paul Anka, Elis Presley et Gilbert Bécaud que son talent est indéniable. Le 9 avril 1975, elle est sur scène. Le rideau tombe. Victime d'une attaque cérébrale le lendemain, ses amis, comme Line Renaud, accourent. Elle décède le 12 avril 1975, à Paris, à la Pitié-Salpêtrière.
A Paris, au Panthéon, il n'y aura qu'un cénotaphe avec une plaque lui rendant hommage, son corps restant au cimetière marin de Monaco où elle repose aujourd'hui. Suite à une pétition réunissant 38 000 signatures, en accord avec ses enfants, et la "compréhension" de l'Elysée, "l'important, c'est de marquer sa panthéonisation", dixit son fils, le comédien Jean-Claude Bouillon-Baker. "Elle a aimé la France et la France l'a aimée en retour", continue l'un de ses autres enfants, Brian Bouillon-Baker, "Avec cette panthéonisation, on peut dire que cette histoire est maintenant éternelle."
Article rédigé par Jérôme Decourcelles
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